Image et position de la femme massa dans l’espace public et dans l’imaginaire collectif .

21 septembre 2014

Image et position de la femme massa dans l’espace public et dans l’imaginaire collectif .

Ce n’est pas au hasard que je me suis engagée à parler de l’image et de la position de la femme dans la société massa en ce qui concerne l’espace public et dans l’imaginaire collectif . Mais qui est la femme massa?

La femme massa est une femme ordinaire avec une dentition blanche couleur lait, une peau noire couleur ébène, gardienne des valeurs ancestrales et des traditions, respectueuse, accueillante, hospitalière, aimable et gentille. bref, la liste est loin d’être exhaustive. Cependant, comme certaines de ses sœurs africaines, elle est victime des traditions rétrogrades a l’égard des filles et des femmes.

 »Mon cher frère, pourquoi cherches-tu à bafouer nos traditions en envoyant tes enfants à l’école? Ne sais-tu pas que tu es train de leur inculquer de mauvaises habitudes ? » C’est en ces termes que certains hommes s’adressent à leurs frères qui prennent l’initiative de scolariser leurs enfants de sexe féminin. D’aucuns diront que c’est du gâchis d’envoyer une fille à l’école des blancs. Car c’est non seulement une dépravation des mœurs dans la mesure où l’école des blancs gâte la fille, mais aussi  une perte considérable pour la famille pour ce qui est de la dot à recevoir de la part de son futur mari.

Cette manière de considérer la femme m’a amené à m’interroger sur le rôle que joue cette dernière dans la société. En effet, dans la société traditionnelle massa à l’instar des autres sociétés traditionnelles, la femme en sa qualité de cellule nourricière de la famille est épouse, mère et  »chef de ménage ».
Dans la conscience collective, la place de la femme est, en général réduite au cadre domestique (maternité, éducation des enfants et entretien du foyer). Ceci montre que la femme, dans sa constitution et sa création même, possède des caractéristiques physiques (faiblesse physique, aptitude à la maternité) et psychiques (tendresse, humeur changeante) qui lui confèrent un statut particulier dans la société. La société traditionnelle a en effet connu une organisation concentrique allant du groupe familial à l’ethnie en passant par des organisations plus ou moins importantes: l’homme à la préséance sur la femme, l’adulte sur l’enfant, les anciens sur les jeunes. La famille traditionnelle africaine de façon générale, et plus précisément celle de la société traditionnelle massa fonctionne sur le mode de ce type de hiérarchie des statuts et des personnes. Les croyances culturelles négatives et les stéréotypes sociaux développés à travers des construits selon lesquels les filles doivent se limiter à des tâches domestiques à la maison tandis que les garçons sont autorisés à aller à l’école  expliquent le rôle assigné à la femme dans l’espace public et dans les consciences collectives des sociétés. Voila comment le rôle et le statut assignés traditionnellement à la femme, au lieu de la valoriser, l’ont plutôt rendue vulnérable; laquelle vulnérabilité a été renforcée par le système patriarcal.

Le fait de ne pas encourager l’éducation et la scolarisation des filles semble ternir non seulement l’image de la femme mais, prive aussi la société de la contribution qu’elle pourrait apporter au développement durable.

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Commentaires

Fotso Fonkam
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Ayant passé quelques annees à Maroua, je peux dire que ta description de la femme massa est très fidèle, de même que la place qu'on lui réserve dans la société.
Dieu merci, les choses sont en train de changer. Lentement, mais elles changent. J'en connais quelques unes qui font des études supérieures, et je parie qu'elles ne laisseront pas leurs filles sans éducation.

lopsiwam
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Bien dit Willifonkam,étant donné que le changement est un processus qui peut être lent et peut parfois se faire de manière brusque, mais on change quand même dans tous les cas. et tu n'as pas besoin de voir loin, je fait partie du lot des partisanes du changement. L'espoir est permis.

Djarsoumna Alain
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Vous venez de soulever une question pertinente Madame. Je vous apostrophe non seulement du fait que vous prônez l'égalité de droits entre les enfants(ce que je trouve normal), mais aussi du fait que vous érigez en porte-parole des femmes massa(ce que j'admire tant) qui sont depuis toujours été ignorée par ses parents exceptés ceux de l'actuelle période. Les raisons, vous les avez évoquées ci-dessus. Ce que nous les hommes massa devons comprendre, c'est d'envoyer nos filles et soeurs car, non seulement elles en ont le droit, elles peuvent aussi contribuer grandiosement à l'émergence d'une nation étant donné que chaque humain a des capacités intéllectuelles endormies en lui et qui nécessitent d'être réveillées et mises en pratique.

Lopsiwam
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Bonsoir frère Djarsoumna. Ton commentaire me va droit au coeur. C'est une motivation pour moi à approfondir davantage ce billet. Merci bien.