L’intervention en éducation: mon modèle personnel

22 septembre 2014

L’intervention en éducation: mon modèle personnel

Mon rôle et mon pouvoir d’intervenante trouvent leur justification d’un fait qui m’a marqué pendant ma période de stage dans une école maternelle. Voici la présentation des faits tels qu’ils se sont déroulés.
« Maman ne me laisse pas! Je veux partir avec toi ! », ainsi s’agitait la petite Vanina, s’agrippant à la jupe de sa mère qui était venue la laisser à l’école. Vanina est une petite fille de 03 ans qui vit avec les membres de sa famille : son père est cadre au sein d’une entreprise. Sa maman est secrétaire dans une ONG . Son frère aîné, Papou est en classe de Cours élémentaire 1ère année. Vanina ne parvient pas à comprendre pourquoi Papou a un cartable, qu’il va à l’école et qu’elle reste toujours à la maison. Elle manifeste le désir d’aller aussi à l’école avec Papou. Elle est curieuse d’aller découvrir ce que va faire son frère Papou à l’école tous les jours. Ses parents se sont mis d’accord pour l’inscrire dans une école maternelle. Vanina s’impatientait déjà du fait que le moment pour elle d’aller à l’école ne se présentait pas. Enfin, un Lundi matin, premier jour de rentrée, la mère de Vanina emmena sa fille à l’école. Une fois arrivées à l’école, Vanina qui était joyeuse au départ de la maison manifesta subitement un esprit de mécontentement quand sa maman la fit descendre de la voiture pour l’accompagner au sein de l’établissement scolaire. Au même instant, je fis mon apparition. Je remarquais tout de suite des larmes aux yeux de Vanina. Au début, je n’avais pas compris pourquoi Vanina s’agitait ainsi, en pleurant, griffant, frappant des pieds au sol pour manifester son mécontentement. Je suis venue vers la maman et je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Elle m’a répondu en disant qu’en fait, c’était le premier jour de classe de Vanina. Elle m’a fait comprendre que cela faisait deux semaines que Vanina ne cessait de lui répéter : « maman, maman, je veux aussi aller à l’école comme Papou ». Mais, à présent elle lui fait savoir qu’elle ne veut pas rester à l’école, qu’elle veut rentrer avec elle. J’ai demandé à la maman de Vanina de partir et de me laisser faire. C’est alors que je pris la main de Vanina qui me repoussa violemment en me griffant et en hurlant : « laisse-moi, je veux ma maman. Toi, tu n’es pas ma maman ». Je la laissai faire en essayant de la calmer, de lui apporter mon réconfort. Mais Vanina continuait de crier fort. Quelques instants plus tard, je réussis à la calmer en essayant de la flatter. Ainsi se termine le récit de ma première expérience en maternelle dans le cadre de mon stage de fin de formation en tant que formatrice des formateurs (instituteurs et institutrices).
Au regard de ce qui précède, ma démarche de l’intervention éducative est de soutenir le processus d’apprentissage de l’enfant qui est au cœur de l’acte pédagogique. À cet égard, mon rôle et pouvoir d’intervenante en tant que formatrice des instituteurs et institutrices est d’abord d’accueillir l’enfant qui, pour la première fois de sa vie se présente dans un monde différent de celui qu’il s’était représenté. Pour cet enfant – là, l’intervenante que je suis est une personne qui fait intrusion dans sa vie pour essayer de le transformer. Voilà qui explique pourquoi Vanina est un peu méfiante à mon égard. Vanina vit une expérience de privation maternelle pour reprendre les propos de Freud. Elle présente en effet un intérêt pour les objets identiques à travers mon regard. Vanina sait que je ne suis pas sa mère mais, elle voit à travers moi un objet représentationnel de sa mère. Ce regard est pour Vanina associé au souvenir d’un plaisir partiel de son corps, quelque chose qui représente la relation perdue avec sa mère.
Il me revient donc en tant qu’intervenante éducative de manifester mon enthousiasme vis-à-vis de Vanina et des autres enfants de son âge, d’être accueillante. Le fait pour moi d’avoir fait preuve de souplesse dans mes actions a eu pour conséquence immédiate l’établissement des liens étroits entre Vanina et moi. Après ce climat de confiance installé entre Vanina et moi, mon pouvoir d’intervenante a alors eu pour objectif de planifier les objets d’apprentissage, choisir des situations ayant un sens pour l’enfant, « sensibiliser » ce dernier à ses besoins, à ses acquis et à ses capacités. Il me revient alors le rôle d’organiser les activités, de créer les conditions nécessaires pour faciliter les apprentissages, de donner les consignes à l’enfant et d’indiquer à celui-ci ce qui est attendu. Pendant le déroulement des activités, je guide et j’accompagne l’enfant dans son exploration ou dans sa production. Le but visé par cette intervention est en fait celui d’aider l’enfant à prendre conscience de ses nouvelles acquisitions pour qu’il puisse les transférer à une situation similaire ou un peu plus complexe.
En effet, à la maternelle, l’intervention éducative s’articule autour de l’enfant, du groupe d’enfants et de la classe. Elle consiste à stimuler, à soutenir et à confronter l’enfant afin qu’il enrichisse son expérience et développe ses talents et ses aptitudes. Par mes gestes, mes attitudes et mes actions, mon rôle d’enseignante et d’éducatrice est celui d’instaurer un climat de réceptivité et de respect mutuel, qui est nécessaire à l’établissement d’une relation éducative authentique. Cette connivence oriente la dynamique de la classe et permet des interactions fructueuses pour l’un et pour l’autre.

Parler  de modèle personnel d’intervention en éducation est donc  parti du fait que le premier jour de classe d’un enfant de la maternelle est source de tension vis-à-vis de sa maman qui le laisse entre les mains d’une inconnue qui est la maîtresse. Au regard de ce qui précède, comment faire intrusion dans la vie de l’autre sans toutefois parvenir à le bouleverser ? Peut-on se passer pour médiateur dans l’affaire de l’autre sans essayer de le modifier, de transformer sa façon de voir ? Comment peut-on se représenter un modèle d’intervention éducative ? L’acte d’enseigner n’est-il pas une forme de médiation ? Pourquoi intervient-on ? En effet, l’idée de concevoir un modèle personnel d’intervention éducative centrée autour de la petite enfance est tributaire de ma communauté de pratique professionnelle des enseignants. Il est question dans cette communauté de pratique d’assurer la formation initiale des instituteurs et institutrices qui à leur tour formeront les « touts petits » pour une éducation répondant aux besoins d’un système éducatif donné. Le besoin de sensibiliser sur ces questions certains membres de la communauté éducative qui se trouvent souvent sans formation, en difficultés et désemparés pour aborder ces questions n’a fait que me conforter dans mon projet. Il m’est aussitôt venu à l’esprit la question de savoir si la modification de tels comportements amènerait les uns et les autres à un changement de regard, d’attitude pour aider la petite enfance à s’insérer de manière harmonieuse dans le processus du développement de sa personnalité. En d’autres termes, Il va falloir également préciser mes orientations, mes choix professionnels. Le plan de mon modèle personnel d’intervention comprend d’abord la présentation détaillée de mon modèle personnel d’intervention. Par la suite, il est question pour moi de dégager mon rôle et mon pouvoir d’intervenante en faisant ressortir mes axes privilégiés d’intervention à travers une description de la mise en situation, du choix des stratégies, du déroulement et de l’analyse de l’intervention. Une reprise du questionnement initial ainsi que les objectifs poursuivis tout au long de mon analyse vont intervenir en guise de conclusion.
Le développement éveille en moi l’image d’une petite fille en pleur qui fait ses premiers pas à l’école maternelle. Cette image que je me suis représentée le premier jour de notre séminaire sur les Modèles d’Intervention Éducative illustre la vulnérabilité, la peur, la séparation et la quête d’aide d’une personne encore naïve. Ma conception de la personne et de son développement s’appuient sur l’image de cette petite fille – là pour démontrer combien il est normal pour un intervenant de venir en aide à une personne en difficulté, une personne qui a besoin d’une relation de confiance, une personne qui veut qu’on la comprenne dans son psychisme, qu’on l’aide à construire sa personnalité. Le modèle psychodynamique accorde une place importante au développement de la personne.
En effet, ce modèle est orienté vers la recherche d’un équilibre pulsionnel dynamique et la détermination du changement à réaliser. Je pense ainsi que le développement de la personne s’effectue selon des stades ou des étapes définies que la personne doit franchir dans un ordre établi. Ceci m’amène à penser que la personne se développe lorsqu’elle traverse normalement ces stades – là sous la conduite des membres de sa famille en l’occurrence son père et sa mère. Selon moi, c’est ce développement qui donne un sens à l’adaptation du petit enfant qui fait son entrée dans la vie sociale. Par rapport à la notion de normalité, je perçois comme normal tout phénomène qui est, soit conforme à ce que je me représente comme vrai, à mes croyances de ce qui devrait être, soit qui est fréquent et habituel par rapport à ma propre expérience. Je pense de la sorte que certains individus investissent chaque position libidinale d’une manière telle qu’ils sont conduits à s y maintenir sur un mode dépressif, craignant de ne trouver dans la position suivante un substitut satisfaisant. Les blessures les plus profondes et les plus douloureuses remontent en général à l’enfance et ont souvent été causées par des proches, les parents, les frères et sœurs ainsi que celles vécues à l’école.
Le potentiel non encore développé de l’enfant du préscolaire exerce sur lui une forme de pression qui le pousse à trouver les moyens de mettre en œuvre les réalités positives qu’il porte en lui : cela est traduit par ses cris, ses pleurs. La normalité dans ce cas précis résulte de la tendance vers l’équilibre entre les trois instances psychiques d’une part, de l’autre entre les principes de plaisir et de réalité. Il faut relever le fait que tout individu naît avec une énergie psychique, que Freud appelle libido. Progressivement, grâce à l’expérience, le Moi et l’identité se construisent et se dégagent du Ça. Le Surmoi va apparaître beaucoup plus tardivement. Les pulsions étant innées, instinctives et inconscientes entraînent une accumulation de l’énergie dans l’organisme, ce qui provoque une tension et par conséquent la recherche de moyen pour décharger cette tension.
Ces facteurs peuvent encourager et faciliter le développement, mais ils peuvent aussi devenir des obstacles ou des freins majeurs qui empêchent la personne de s’autonomiser. Au regard de mes lectures sur les textes de Fournier, Lopez-Gonzales et Delmotte , je peux dire à juste titre que le changement est une constante dans la vie d’une personne. L’éducation de l’enfant d’âge préscolaire exige que l’on prenne en considération sa santé, sa sécurité physique et psychologique ainsi que son développement affectif, créatif, intellectuel et moral. D’une part, l’enfant doit être entouré de personnes responsables, signifiantes et fiables qui veillent à la satisfaction de ses besoins tels que la nourriture, l’habillement, l’hygiène, le repos et le logement. D’autre part, la permanence des liens affectifs assure soutien, réconfort et encadrement à l’enfant. Cette permanence de liens affectifs contribue aussi au maintien, voire au renforcement de l’estime de soi de même qu’au sentiment de sécurité nécessaire à la découverte du monde. La satisfaction de l’ensemble des besoins de l’enfant se fait d’abord au sein de sa famille. Ainsi soutenu dans son évolution, l’enfant dépasse progressivement ses attitudes égocentriques. Il devient capable de s’éveiller à la réalité des autres et de s’adapter à de nouvelles situations.
Je pense qu’essentiellement, l’enfant est un être engagé dans une démarche de croissance et d’apprentissage. Il a besoin d’être encouragé dans ses efforts et accompagné dans sa motivation à apprendre, tout en sentant que ses particularités et son rythme sont respectés. En vivant des expériences riches et variées de même que des défis adaptés et valorisants, l’enfant satisfait son désir de connaître et de comprendre le monde qui l’entoure. Dans un environnement éducatif approprié, il saisit et apprécie les comportements, les règles et les valeurs culturelles. Cet environnement, basé sur le partage et la complicité entre la famille et l’école, tient compte des besoins de l’enfant, contribue à son développement, le valorise et lui confère une reconnaissance sociale.
Au contact de ses parents, et grandissant dans un milieu chaleureux et stimulant, l’enfant passe d’un état de dépendance à un état d’autonomie de plus en plus grand. Les liens d’attachement créés entre l’enfant, sa mère et son père ou toute autre personne signifiante lui permettent de développer graduellement son potentiel et d’acquérir des savoirs et des savoir-faire favorisant son évolution sur les plans physique, affectif et social, cognitif et langagier. Dès les premières années de sa vie, l’enfant cherche à connaître les personnes et son environnement. Cette quête s’effectue dans un mouvement interactif. D’une part, l’enfant possède une source de référence intérieure qui le fait agir spontanément, comme dans la succion, dans la marche, dans l’audition. De l’autre, en prenant contact avec les personnes et les objets qui l’entourent et en utilisant ses différents moyens sensoriels, l’enfant raffine ses gestes et découvre de nouvelles façons de faire.
Alors, dans l’interaction avec les personnes et le milieu environnant, l’enfant découvre le sens des choses et des faits. Il commence ainsi à acquérir une compréhension des événements. C’est ainsi qu’il se construit de nouvelles références et généralise ses connaissances. Toutes ses connaissances sont liées à ses perceptions intuitives, à sa capacité d’explorer, d’interpréter des situations, d’essayer, de recommencer, de prendre conscience. Grâce à ce processus, l’enfant commence à anticiper son agir, puis à ajuster ses actions, ses mouvements. L’attention et la qualité des soins accordés au jeune enfant influent grandement sur sa croissance, car à cette période de sa vie, le développement de toutes ses dimensions se fait de façon intensive.
Ne pas observer tous ces aspects relèverait selon moi de l’anormalité qui risque d’être pathologique pour l’enfant lorsqu’il aura atteint un âge beaucoup plus avancé. L’on assistera alors à un phénomène de régression qui est très souvent un phénomène transitoire. L’on régresse à un état où l’on s’est fixé antérieurement. Il se pose alors un problème à savoir : si l’on régresse à un stade de développement et par la suite on revient au stade normal, cela signifie que l’on retourne à l’état normal, qui est un stade antérieur du développement personnel, donc, le retour est une régression.
Au fur et à mesure qu’il grandit, l’enfant éprouve une assez grande curiosité à l’égard de son corps, de ses différentes parties, de certaines postures et de certains mouvements. L’enfant sait qu’il est un garçon ou une fille et a conscience de ses sensations et de ses réflexes. L’enfant a appris à identifier la plupart des parties externes de son corps : il peut en nommer plusieurs, en distinguer les propriétés ou les possibilités et reconnaître leur spécificité. Il constate ce qui le différencie des autres enfants (traits physiques, comme la couleur des cheveux et des yeux); commence à qualifier de façon positive ou négative l’apparence physique d’une personne, ce qui n’implique pas nécessairement de la méchanceté ou de l’envie. L’enfant maîtrise mieux son corps globalement qu’en parties indépendantes les unes des autres. Il contrôle habituellement les mouvements spontanés comme courir, marcher, sauter. Il exerce un meilleur contrôle dans ses déplacements.
Dans l’exécution d’un mouvement, il se sent plus à l’aise lorsqu’il respecte son propre rythme plutôt que lorsqu’il emprunte un rythme imposé. S’il est en relation avec des personnes signifiantes, l’enfant qui, par le langage, a appris à nommer, à valider et à confirmer ses gestes exploratoires, acquiert une liberté physique, un sentiment d’autonomie. Par un meilleur contrôle de mon énergie, de mon rythme et de mon espace, je pense qu’il serait judicieux voire nécessaire pour moi de développer des conditions de prise de contact avec l’enfant qui sont souvent délicates. Au cas contraire, l’enfant peut se voir imposer par ses parents un traitement dont il ignore le but alors qu’il ne souffre pas de son propre comportement. Auprès de l’enfant, le psychanalyste doit rechercher les moyens de créer le transfert.
La méthode fondamentale que représente la règle des associations libres chez l’adulte ne peut pas s’appliquer à l’enfant. C’est ainsi que la valeur symbolique du jeu de l’enfant a été prise en considération. De même, les diverses phases du jeu peuvent être rapprochées des différentes idées exprimées par l’adulte au cours des associations libres. Ainsi le jeu devient l’instrument de prédilection dans le cadre d’une intervention, incluant les dessins, les jouets représentant êtres humains, animaux, voitures, maisons (le jeu est également un moyen pour l’enfant de se défendre contre les affects qu’il éprouve dans la situation de l’intervention). Le concept de l’enfance très présente partout dans la réflexion freudienne n’est pas un fait du hasard. L’’enfance est ainsi une période déterminante pour la formation de la personne. La compréhension du transfert d’objet représentationnel et son expression même sont le fruit de l’élaboration d’une adaptation de l’enfant à la réalité naturelle et sociale. Je distingue trois niveaux d’intervention dans cette optique: premièrement, l’intervenant contribue par sa présence à la structuration des éléments du transfert ; deuxièmement, par ses remarques et ses interventions, il fait ressortir auprès de l’enfant les caractéristiques de la situation de transfert ; troisièmement, il interprète le transfert en faisant un feed-back entre la situation actuelle qu’ils ont vécue ensemble et la situation passée qui, elle est revécue en fonction des phénomènes répétitifs.
Je conviens à cet effet avec Freud que l’éducation de l’enfant est tributaire de deux questionnements à savoir biologique et historique. Je peux expliquer cela par le fait que l’enfant vient au monde à travers le phénomène de la naissance, il jouit de l’immaturité radicale et cela laisse apparaître son incapacité à prendre soin de lui tout seul. Cette faiblesse native va le condamner à une protection et par conséquent à l’influence de la part des personnes adultes. Je poursuivrais en disant que l’éducation commence par le fait pour l’adulte de réduire les tensions de l’enfant en l’empêchant d’exprimer certaines de ses tendances pulsionnelles de manière libre.
Je me résume en disant que la fonction répressive de l’éducation au regard de la théorie freudienne n’a pas qu’une fonction répressive en tant que telle, annexe et encore moins parasitaire que l’on pourrait supprimer, mais plutôt une fonction évolutive. Par exemple, l’interdit qui est une forme de refus, de restriction à une envie ou une satisfaction constitue l’essence même de l’action socialisante. L’éducation serait alors la pratique par laquelle les adultes imposeraient plus ou moins rigoureusement aux enfants de renoncer à l’envie spontané du plaisir instinctuel pour lui substituer l’obéissance à la réalité. L’éducation ne vise donc pas une substitution naïve et illusoire de la transformation de la personne, mais plutôt une tentative d’adaptation permettant de conserver dans la réalité le plaisir régulateur et nécessaire à l’appareil psychique.

Mon intervention éducative peut ainsi se situer à deux niveaux : l’intervention directe et l’intervention indirecte. La première désigne l’ensemble des actions que je mène à l’égard d’un seul enfant ou du groupe d’enfants alors que la seconde traite des aspects liés à l’organisation fonctionnelle de ma classe : l’aménagement du temps et de l’espace en fonction des différents types d’activités; le choix du mobilier; du matériel et des outils. Mon pouvoir d’intervenante m’amène à user d’astuces pour stimuler l’apprentissage et susciter l’intérêt de l’enfant pour la mobilisation de ses ressources. Il faut ainsi noter que la stimulation ici est une forme d’intervention qui a pour but d’inciter l’enfant à explorer une nouvelle voie, à exploiter une idée, à essayer quelque chose de nouveau. Elle peut se traduire par la possibilité de vivre une activité avec un ou des enfants en offrant un matériel varié et attrayant et en fournissant un choix d’activités. L’intervention dans ce sens devient une technique nouvelle.
Pour Freud , les effets et les circonstances de l’histoire individuelle déterminent la valeur affective des représentations. Il faut également noter le fait que les premières expériences de l’enfance jouent un rôle prépondérant sur le développement psychologique de la personne, lequel développement suit une progression selon une séquence située dans le temps et prédéterminés de stades psychosexuels ou psychosociaux. Je conviens avec lui que l’éducation de Vanina n’est rendue possible qu’il existe en elle des tendances qui en exigent l’éducabilité. Vanina passe ainsi pour être un sujet de pulsion immédiate qui vit protégé par des adultes bienveillant. Par cette éducation, mon rôle et mon pouvoir d’intervenante me permettent de situer mes axes d’intervention dans une logique de dépendance protectrice précaire qui conduira Vanina vers la responsabilité. Eduquer revient donc à dire socialiser l’enfant, l’aider à avoir une certaine autonomie. L’éducation en tant que partie consciente du moi est un enjeu important dans la mise en place des mécanismes de défense qui concourent au développement des facultés intellectuelles de l’individu. Je pense ainsi que l’ambition de la personne qui cherche à s’éduquer est tributaire du principe de réalité qui trouve sa source en chacun d’entre nous. Par exemple, le fait pour moi d’éprouver le désir d’être grande, de paraitre adulte peut être la combinaison du principe de plaisir et de celui de réalité. Éduquer reviendrait donc à inculquer les règles morales en l’individu et les connaissances indispensables à une société quelconque. L’existence d’une morale individuelle montre que la règle imposée par la réalité n’est pas extérieure à l’individu, mais est prise en charge par lui sous forme affective. L’interdit extérieur et la frustration correspondent à un mécanisme intérieur selon lequel un homme éduqué est capable d’autorégulation.

La conception de mon modèle personnel de l’intervention éducative a eu pour point de départ la question de savoir si je peux faire intrusion dans la vie de l’autre sans toutefois parvenir à le bouleverser, la réponse qui me vient à l’esprit est non. Par la suite, je me suis interrogée si je peux me passer pour médiateur dans l’affaire de l’autre sans essayer de le modifier, de transformer sa façon de voir. A cette question-là, je réponds en disant que tout dépend de la façon donc je m’y prends. Comment peut-on se représenter un modèle d’intervention éducative ? Je peux répondre en disant que l’on peut se représenter un modèle d’intervention à partir d’un fait vécu, d’un projet tributaire d’une pratique professionnelle. L’acte d’enseigner n’est-il pas une forme d’intervention ? Je dis tout de suite oui pour la seule raison qu’enseigner même, c’est déjà intervenir. Pourquoi intervient-on ? L’on intervient pour apporter son aide à quelqu’un qui en a besoin, une personne qui se trouve en difficulté. Dans un sens beaucoup plus large, le mieux que je puisse dire est qu’intervenir est la relation d’aide qui se manifeste à travers l’accompagnement de la personne à aider. L’intervention est avant tout une relation humaine où une personne prend le risque de s’ouvrir à une autre en lui dévoilant ce qu’elle porte d’unique. Par mes attitudes en intervention, il me vient à l’esprit la question de savoir si je me sens apte à aider les personnes qui viennent vers moi pour être accompagnées à un moment de leur vie, notamment la petite enfance. Ainsi, pour pouvoir être un bon aidant, il me paraît essentiel d’être aussi un bon aidé. Pour ce qui est des difficultés, je ne puis dire exactement que je n’en ai pas rencontré, mais ma crainte réside au niveau du transfert négatif de l’excès d’implication dans le processus d’intervention au regard de l’approche psychodynamique à travers la psychanalyse freudienne. Autrement dit, ma forte implication dans la compréhension de la personne et de son développement par le canal de la psychanalyse ne ferait-elle pas de moi un client, c’est-à-dire l’aidé ?

Partagez

Commentaires