Cameroun,éducation: au moins 4 lycéennes sur 10 quittent l’école pour des raisons de grossesses précoces et indésirées

Les grossesses précoces et non désirées ne sont pas un sujet nouveau au Cameroun. Depuis des décennies, il a toujours existé des filles ayant abandonné leurs études parce qu’elles rencontraient des obstacles. Ma préoccupation est celle de mettre la lumière sur les raisons qui expliquent l’exposition de ces jeunes créatures à l’abandon de leurs études, à la fuite de responsabilité de la part des auteurs de ces grossesses et, aussi au risque de contamination par les maladies et IST/VIH-SIDA. En dépit des efforts consentis pour permettre à tous les jeunes sans différence de sexe d’avoir accès à un cycle complet d’études et d’y rester le temps de terminer leur scolarité, l’on observe encore un taux important d’abandons scolaires de la part des filles. Quelles en sont les raisons? Est-ce à dire que l’éducation n’a pas rempli toutes ses fonctions?

L’éducation est un droit pour tous, peut-on lire dans les textes qui œuvrent en faveur de la scolarisation de tous les enfants en âge d’aller à l’école. Selon  l’Organisation des Nations Unies pour l’Enfance, l’éducation constitue un droit fondamental indispensable au développement de l’individu et de la société, et nécessaire au bien-être (UNICEF, 2007). Aussi, l’État camerounais n’est pas resté muet face aux discours et instances de décisions aussi bien nationales qu’internationales.

En effet, le Gouvernement Camerounais, dans sa marche vers la modernisation, a fait de l’éducation sa priorité dans le cadre du développement socio-économique. Mon constat est parti du fait que des filles âgées entre 13 ans et 15 ans, ayant des bons rapports avec l’école ont quand même fini par mettre un terme a leurs études. Cela m’a amené à chercher à comprendre pourquoi un tel désintérêt au sujet de leur scolarisation.

Mais, après m’être rapprochée, j’ai pu recueillir quelques avis de ces filles qui ont abandonné leurs études de façon précoce et même involontaire: « Je m’appelle Yollanda, j’ai quinze ans. Je  suis issue d’une famille pauvre, je vis avec ma mère, mon père nous ayant abandonnés. Ma maman se débrouille comme elle peut avec un commerce de mini restauration où elle vend du bouillon, haricot et beignets.  Actuellement je suis enceinte et l’auteur de ma grossesse a aussi  disparu. Ma maman a également à sa charge les enfants de mes sœurs aînées que les géniteurs ont aussi abandonnées. Donc ce n’était pas possible pour moi de poursuivre mes études même comme je ressens un grand besoin. Et puis, ce qui m’a amené à arrêter brusquement mes études, ce sont les moqueries de mes camarades ».

Des cas comme celles de Yollanda, on en rencontre au quotidien. Les causes réelles de ces grossesses précoces et non désirées sont marquées par le sentiment de naïveté de ces filles, le manque d’information sur l’utilisation des méthodes contraceptives et aussi la pauvreté des familles desquelles elles sont issues. Être fille-mère avant d’avoir atteint l’âge de la majorité est une responsabilité lourde à assumer, surtout lorsqu’on se retrouve seule à élever un enfant. Voilà comment nos filles voient leurs rêves de devenir des personnes importantes au sein de leur communauté brisés. Comment recoller les morceaux?